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Visite virtuelle de Tournai

Histoire et patrimoine de la cité des cinq clochers

Tournai : le 3 septembre 1944, le jour de la délivrance

Les Alliés ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944. Depuis cette date, à Tournai comme ailleurs, l'impatience grandit. Dans le cité des cinq clochers, les groupes de résistants se tiennent prêts...

Les derniers échanges.

Dès le 28 août, les Allemands sont particulièrement nerveux. Une armée qui sent le souffle de la défaite multiplie bien souvent les exactions. Le 30 août, à 17 h, le résistant Carlos Gallaix est fusillé. Le 1er septembre, la Gestapo incendie l'immeuble qu'elle occupait à l'angle des rues Sainte-Catherine et du Moulin à Eau. Le même jour, vers minuit, deux douaniers sont abattus près de la rue du Tir à la Cible.

Le samedi 2 septembre, en début de soirée, un blindé américain fait son apparition sur la chaussée de Valenciennes. Pour protéger leur retraite, les Allemands ont placé un char au milieu du carrefour de la Dorcas. Un premier échange se produit, un projectile dont on ne connaît la provenance met le feu à la maison de Mr. Lebrun, celle- ci jouxte le pont Soyer (le pont Armand Devallée). Vers 18 h 30, une section de reconnaissance américaine est aperçue pas loin des Ateliers Louis Carton sur la chaussée d'Antoing. Durant la nuit, vers 3 h, on entend le bruit d'une charrette tirée par des chevaux descendant à toute vitesse le boulevard du Roi Albert, elle est conduite par un fermier français d'Avelin qui a été réquisitionné par l'occupant en fuite.  Arrivé au carrefour de la Dorcas, elle est pulvérisée par un tir du canon d'un tank. Au petit matin, il n'y a plus que des carcasses, les chevaux ont été dépecés et la viande emmenée par une population affamée. Durant cette même nuit, environ deux cent cinquante détenus de la prison toute proche se font la malle, profitant de la confusion qui règne à cet endroit de la ville et du petit nombre de gardiens venus les surveiller. Pour protéger leur retraite, les Allemands ont mis le feu aux différents ponts : Le pont Soyer brûle ! Le début d'incendie au pont de Fer est éteint par un marinier dès le départ des Allemands. Le feu au pont Delwart sera éteint par des Tournaisiens. Ces actes feront gagner un temps précieux aux libérateurs dans leur marche vers Anvers et Bruxelles. 

Ils sont là !

                 troupes anglaises arrivant par la chaussée de Lille

                         troupes américaines défilant en ville

Le 3 septembre, vers 8 h, venant de la chaussée de Valenciennes, les GI's pénètrent dans la cité des cinq clochers, Le beffroi arbore fièrement les couleurs nationales. Toutes les cloches des églises saluent cette arrivée tant attendue. A Saint-Piat, les habitants ont sorti leurs instruments de musique, les drapeaux apparaissent aux fenêtres, on s'embrasse, on chante, on rit.  Vers 11 h, le 30e Corps britannique, la 11e division blindée du général Roberts, fait son entrée par la chaussée de Lille. Les soldats sont attendus et salués par une foule massée au carrefour de la Porte de Lille. Les chars sont pris d'assaut  par des enfants et des jeunes filles. Les habitants du quartier Sainte-Marguerite vont improviser un cortège et vont aller rendre hommage à leur curé, l'abbé Suys, à Jean Noté dont le monument s'élève près de l'école primaire et à la Colonne française. Un camp militaire est installé sur la plaine des Manœuvres, des centaines de véhicules y sont parqués dans un alignement parfait. A 11 h , la cloche de la cathédrale retentit et invite les fidèles à un office d'action de grâce. Durant celui-ci, des coups de feu retentissent, il s'agit de traînards allemands qui descendent à toute vitesse la rue Saint-Martin,  juchés sur un half-track et qui vont traverser la ville en évitant les troupes anglaises qui, elles, la contourne par les boulevards. Leur équipée prendra fin à proximité du pont des roulages où un groupe de résistants protège justement la voie ferrée. L'agent Dereu, visera le mitrailleur monté sur le marche-pied et, touchant sans doute des munitions, fera exploser l'engin. A 19 h 30 est mis en vente, dans les rues de la ville, le premier exemplaire du Courrier de l'Escaut qui ne soit pas contrôlé par l'occupant !

                          au carrefour de la Porte de Lille

                         La foule dans la rue Saint-Martin

Tournai est libérée, la guerre n'est pas terminée !

Le second conflit mondial n'est pas terminé pour autant. Tournai devra encore affronter de nombreux soubresauts de la défaite nazie. Le 17 septembre 1944, un premier V1 fait son apparition dans le ciel de la cité des cinq clochers. Il s'écrase sur un village voisin. Le 12 décembre, un sinistre V2 s'écrase à Marquain. Selon les historiens, les chiffres varient : on recense la chute de 3 ou de 8 bombes volantes sur le Toiurnaisis. Le 8 mai 1945, le IIIe Reich capitule. Une fois encore, les sirènes retentissent, les cloches sonnent, au milieu des rues des farandoles s'organisent. A la rue Saint-Piat, les frères Delcroix sortent leur matériel de musique et font danser les couples sur des airs de jazz américain. L'orchestre "Johnny Delcroix" vient de naître. Jean Delcroix, le pianiste,(décédé à la fin des années nonante), Raymond, le saxophoniste, qui sera par la suite chef de l'Harmonie communale des Volontaires Pompiers et Roger (décédé en 2007), le batteur qui deviendra Bourgmestre (décédé en 2010) vont animer les bals de l'après-guerre. Parmi les musiciens se trouve un soldat anglais du nom de McDonald Smith, il a obtenu un contrat de participation à l'orchestre pour la durée de son séjour à Tournai. L'heure est à la fête, un calvaire de cinq années se termine !

(sources : le Courrier de l'Escaut de l'époque - "Le jour où ils sont arrivés" ouvrage publié par le Courrier de l'Escaut, paru en 1994, recherches personnelles concernant McDonald Smith - photos : x). S.T. novembre 2018

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