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Visite virtuelle de Tournai

Histoire et patrimoine de la cité des cinq clochers

Tournai : ce jour-là, le 27 septembre 1987

Trois ans après la rue Garnier, une explosion va, cette fois, secouer le quartier Saint-Piat. 

Un quartier paisible mis en émoi !

Le nuit du 26 au 27 septembre était celle du passage à l'heure d'hiver. Il est peut-être conseillé de modifier les horloges, réveils et montres à trois heures du matin, dans la pratique, c'est souvent le lendemain matin que cette annuelle corvée est réalisée par la plupart d'entre nous. On peut ainsi réellement... dormir une heure de plus !

Tout était donc calme dans le quartier Saint-Piat. Il y avait bien peu de personnes dans les rues à cette heure matinale d'un dimanche qui s'annonçait ensoleillé. 

Il est à peine 8 h, lorsqu'une terrible déflagration fait sursauter ceux qui sont encore au lit et secoue les immeubles du quartier. Brutalement tirés de leur sommeil, les habitants ignorent encore que l'origine de celle-ci est le fracas d'une violente explosion qui vient de se produire au bas de la rue Albert Asou.

Cette rue aux maisons bourgeoises, bordée d'arbres, relie le Palais de Justice à la rue Sainte-Catherine et à l'avenue des Etats-Unis débouchant devant "l'école de la Jeune Fille" qui occupe les bâtiments de l'ancien hospice des vieillards. 

D'importants dégâts.

A l'arrivée des premiers secours, le spectacle est dantesque, la rue est jonchée de mille débris, des véhicules en stationnement de part et d'autre sont détruits ou gravement endommagés, les habitants, en état de choc, sont sur leur porte, la plupart en peignoir ou pyjama. Un nuage de poussières flotte encore entre les rangées de maisons. 

           Les garages détruits par l'explosion

Il se dissipe rapidement et on constate qu'il ne reste plus qu'un mont de gravats à la place des deux garages qui jouxtaient le numéro 7 de cette artère d'ordinaire si tranquille. Au milieu d'un enchevêtrement de briques, de poutres et de tuiles, les pompiers ont leur attention attirée par la présence d'une bonbonne de gaz propane, totalement givrée, d'où s'échappe encore un peu de gaz. Dans l'habitation où vit un couple avec deux enfants en bas-âge, ils découvrent le père et l'aîné des garçons indemnes mais profondément choqués tandis que la mère et le plus jeune des enfants doivent être emmenés en clinique afin de soigner des brûlures. On apprend rapidement que l'état du garçonnet de quatre ans ayant soudainement empiré, il avait été nécessaire de le transférer à l'hôpital Bruggman à Bruxelles. 

les pompiers inspectent les toits ébranlés par le souffle. 

L'onde de choc s'est transmise dans toute la rue Albert Asou en diminuant d'intensité et également vers la rue Sainte-Catherine où l'arrière de quelques bâtiments proches du lieu du sinistre ont été touchés. On dénombre une quarantaine d'immeubles et plusieurs véhicules ayant subi des dégâts plus ou moins importants. Face au lieu de l'explosion, l'habitant d'une maison a vu son châssis complètement arraché et c'est le rideau qui a amorti la projection de débris vers l'intérieur. Un imprimeur a eu sa chambre noire totalement chamboulée. Dans un rayon de plus d'une centaine de mètres, les vitres ont volé en éclats, des tuiles sont tombées sur la voie publique, des cheminées ont été ébranlées et de légères fissures sont apparues dans certains façades. 

On a été obligé de démolir le pignon de la maison sinistrée.

Le bourgmestre Raoul Van Spitael, venu sur les lieux, a fait appeler des ouvriers communaux afin de déblayer la rue tandis que le Procureur du Roi diligente une enquête pour découvrir les causes de cet accident. Les services d'Igeho (le distributeur du gaz) vont rapidement confirmer que la distribution n'est pas à l'origine de l'explosion. 

Que s'est-il passé ?

L'occupante de la maison avait accompagné son plus jeune fils à la toilette enclavée dans le garage, à l'arrière de l'habitation. En ouvrant la porte de communication, du gaz s'échappant d'une des bonbonnes stockées au fond du garage s'est probablement répandu dans la maison. Une étincelle électrique en provenance d'un interrupteur qu'on allume ou d'un frigo qui se met en marche a probablement été l'élément déclencheur.

Durant la nuit de dimanche à lundi, une entreprise a entrepris de démolir une partie des murs de l'immeuble sinistré qui menaçaient de s'effondrer. 

A Saint-Piat la chance est là...

Voici un vieux diction tournaisien qui a été vérifié car, avec le recul, on se dit qu'on aurait pu vivre une véritable tragédie.

Ainsi dans une maison voisine où la propriétaire fut légèrement blessée par un éclat de verre, le lit où dormait une fillette fut projeté dans la pièce attenante par une cloison défoncée. La lourde porte du garage où a eu lieu l'explosion se fracassa de l'autre côté de la rue, arrêtée par un véhicule qui fut totalement détruit. L'explosion n'a pas été suivie par un incendie, les pompiers durent simplement éteindre quelques petits foyers. Un riverain venait juste de sortir sa voiture du garage attenant à celui qui a été pulvérisé, si le gaz avait pénétré dans ce lieu mitoyen, la simple mise en marche du moteur eut été suffisante pour déclencher le sinistre et coincer le conducteur dans l'effondrement du bâtiment. Celui-ci s'est effondré juste après son départ. A cette heure matinale, comme à la rue Garnier, il n'y avait pas de passants sur les trottoirs. 

Quelques jours plus tard, on apprit, avec soulagement, que l'état de la jeune victime évoluait favorablement.

Les dégâts matériels furent estimés à plus d'une douzaine de millions de francs (300.000 euros).

(sources : les éditions de l'année 1987 des journaux locaux "Le Courrier de l'Escaut" et "Nord-Eclair" - photos : J. D.C.). S.T. mars 2019.

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M
J’étais celui qui n’a rien eu ! Si vous voulez un témoignage, je suis prêt à vous répondre !
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