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Visite virtuelle de Tournai

Histoire et patrimoine de la cité des cinq clochers

Tournai :Justin Bruyenne, digne successeur de Bruno Renard

Elève de Bruno Renard.

Justin, Antoine, Bruyenne est né à Tournai, le 25 janvier 1811. Après des études primaires à l'école publique de Froidmont, il entreprend des études secondaires à l'institut des Frères Bardets à Tournai. Son père dirige une entreprise de menuiserie comptant une centaine d'ouvriers, Justin va y poursuivre une formation tout en fréquentant les cours de l'Académie de Dessin où il aura comme professeurs deux des plus éminents artistes de l'époque : le peintre Florentin Decraene et l'architecte Bruno Renard. 

Florentin Decraene (1793-1852) a été élève de Piat-Sauvage, a étudié à Paris chez le baron Gros et fut le peintre officiel de la Cour d'Espagne vers 1825. Bruno Renard (1781-1863), élève de Charles Perrier et de Pierre Fontaine, concepteurs de l'Arc de Triomphe de Paris, fut ensuite chargé par la Ville de Tournai de participer au projet de transformation de la cité.

Ses premiers pas dans l'architecture.

En 1843, à 34 ans, Justin Bruyenne présente les plans de la future salle des Concerts qui sera érigée sur la place Reine Astrid, connue des vieux Tournaisiens sous la désignation de "tambour à pattes" et réalise également ceux de la redoute de l'Hôtel des Artilleurs à la rue Saint-Martin, bâtiment désormais partie intégrante du Musée d'Histoire Naturelle. 

                                                              La salle des Concerts 

Succédant en 1849 à son maître, Bruno Renard, il va poursuivre les travaux de rénovation de la cathédrale Notre-Dame. En 1854, il participe à la décoration de la ville lors des Fêtes royales. En 1861, il est membre correspondant de la commission royale des Monuments de Belgique en compagnie de Barthélémy Du Mortier, d'Idesbald le Maistre d'Anstaing et de Charles Voisin (ses collaborateurs de la rénovation de la cathédrale. 

Le patrimoine tournaisien actuel doit beaucoup à cet architecte de génie :

Dans le domaine de l'architecture religieuse, il est le bâtisseur du couvent des Pères Passionnistes d'Ere en 1850, bâtiment aujourd'hui occupé par l'institut d'Enseignement spécial le Saulchoir qui y a adjoint un manège d'hippothérapie et une ferme pédagogique, du couvent et de la chapelle des Frères des Ecoles chrétiennes à Tournai en 1857, de l'église Saint-Amand au hameau d'Allain (1857-1860), église de style néo-roman érigée sur un terrain offert par les carrières Dumon, de l'église Saint-Géry à Willemeau (1863), elle aussi de style néo-roman, de la chapelle de la maison de campagne de l’Évêque de Tournai à Kain en 1857, de l'église des Pères Rédemptoristes (connus à Tournai sous le nom des Pères au quai) située sur la quai Notre-Dame, édifice néo-roman aujourd'hui désaffecté. On le retrouve également dans la construction de la chapelle du couvent des Réparatrices à la chaussée de Lille en 1862, aujourd'hui intégrée à l'institut d'enseignement secondaire, de l'église Saint-Etienne de Templeuve, édifice néo-gothique rasé à la fin du XXe siècle et remplacé par un édifice moderne fait de béton et de verre, oeuvre de l'architecte tournaisien Luc Moulin. Il est le concepteur de l'église Notre-dame Auxiliatrice au faubourg Saint-Martin en 1889, de l'école Saint-Charles au boulevard Léopold (1869) et de l'Orphelinat en 1874, de la chapelle des Ursulines à la rue des Carmes...

                                                           église des Pères rédemptoristes 

Lors des travaux de restauration de la cathédrale, il fait modifier la rosace d'un diamètre de sept mètres conçue par l'architecte lillois Charles César Benvignat avec un vitrail de Jean-Baptiste Capronnier.

Nos recherches nous ont également permis de noter qu'il est l'auteur du projet de l'église de Jumet-Gohyssart de style néo-roman (1866), de l'église Saint-Michel à Saint-Sauveur (1880), de la "Godhuis", hospice pour personnes âgées, à Sint-Laurens en Flandre (1849) et de la chapelle "Kleine Spinhuis" à la Kalkstraat à Sint-Niklass (Saint-Nicolas). En association avec l'architecte flamand T. Mommens, il dressera les plans du couvent et du pensionnat pour jeunes filles de la "Onze Lieve Vrouw ter Engelen" , située Plein à Kortrijk érigés entre 1843 et 1845. Il restaurera également la chapelle du couvent "Onze Lieve Vrouw ten Doorn" d'Eeklo en 1875.

Dans le domaine de l'architecture civile, il construisit le château de la Marlière à Orcq, propriété de V. Crombez, en 1844, le château d'Ere, propriété de Mrs de Savoie et Leschevin en 1855, le château Six à Froyennes en style mauresque en 1857, la demeure familiale de Mr. Cailleau-Pollet, toujours visible au n°31 de la rue Saint-Brice érigée en 1859, le château d'Henri Duquesne à Vaulx en 1859, la maison de campagne d'Alexandre Dapsens à Vaulx en 1874, l'hôtel particulier de Mr. du Bus, à la rue Royale en 1877, la maison de J. de Bourgogne à la terrasse de la Madeleine (1880), le pavillon de Mr. Leman au faubourg de Marvis (1869), le café de la Gare, place Crombez, en 1877...

En dehors de Tournai, il élabora les plans du château de Bourgogne à Estaimbourg en 1855 et de la Quennelée d'Antoing en 1875, des Hopices civils de celles et de Pottes, il dirigea aussi la rénovation de la petite église d'Esquelme.

Justin Bruyenne, décoré de la Croix de Chevalier de l'Ordre de Léopold en 1878, décédera dans sa ville natale, le 27 juillet 1896. Une rue porte son nom à Templeuve depuis le 1er janvier 2006, paradoxe, la première église de Templeuve dont il fut l'architecte n'existe plus quelques années !

(sources : article de Jacky Legge paru dans le n°105 de la revue de l'asbl Pasquier Grenier de juin 2011 -"Biographies tournaisiennes des XIXe et XXe siècles de Gaston Lefebvre") S.T. août 2018

 

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